Témoignages

Témoignage de Timothée

Je viens d’une famille aisée. Enfant, j’ai eu beaucoup de jalousie envers mon frère, je considérais que mes parents s’occupaient plus de lui que de moi, j’ai ressenti un grand manque affectif. Plus grand j’avais des accès de colère incontrôlés, j’étais très instable émotionnellement. J’ai commencé à jouer sur l’ordinateur familial. Des jeux offline, on jouait à plusieurs. Puis des jeux en ligne, avec des amis. Puis des jeux « sans fin » seul, avec des amis virtuels, que je n’avais jamais rencontré en vrai. Vers la fin du collège, j’étais le seul de ma famille à ne pas avoir le code de l’ordinateur. Mes deux sœurs et mon frère avaient pour consigne de ne pas laisser l’ordinateur allumé pour ne pas que j’y joue tellement c’était devenu maladif pour moi. J’ai quand même récupéré le mot de passe, je me relevais la nuit, quand tout le monde dormait, et je jouais jusqu’à 3h de matin. J’étais dépressif, je ne m’en suis réellement rendu compte que quand j’ai arrêté de jouer. J’avais tellement enfoui mes émotions dans les heures passées à jouer que tout est ressorti d’un coup. Le sevrage fut douloureux, je tournais en rond, j’ai rechuté à chaque fois que j’ai essayé seul. Puis j’ai découvert GAA, j’ai rencontré des gamers comme moi, qui en avaient eu marre de souffrir du jeu vidéo, et qui avaient réussi à arrêter et à aller bien. Je suis allé à une réunion, puis deux, puis trois… C’était extraordinaire.

L’obsession de jouer m’a quitté. Je continue de garder cette obsession loin de moi en allant régulièrement en réunion. Ces réunions comptent beaucoup pour moi, pour continuer d’aller bien et surtout pour permettre à d’autres dépendants au jeu vidéo d’arrêter de jouer.

Témoignage de Kévin

Je m'appelle Kévin et j'ai 24 ans. Je suis accro aux jeux vidéo depuis que j'ai 12 ans. J'ai passé la plupart de mon temps libre devant mon ordinateur ou ma console, à jouer à des jeux en ligne avec des amis virtuels. Je n'ai pas eu beaucoup de relations avec de vrais gens dans la vie réelle.

Les jeux vidéo étaient pour moi une échappatoire, une façon de fuir la réalité et de me sentir puissant, admiré, respecté. Quand je jouais, je n'avais plus de problèmes, plus de stress, plus de peur. Je me plongeais dans des univers fantastiques où je ne ressentais pas la douleur et où je pouvais prendre tous les risques sans conséquences ou presque. 

Mais je savais que c'est une illusion, que je me mentais à moi-même. Je sentais que ma vie était vide, que je gâchais mon potentiel, que je me coupais du monde. Je savais que j'étais addict, que je ne contrôlais plus rien, que j'étais prisonnier de ma passion. 

J'ai voulu m'en sortir seul mais j'étais trop habitué, trop attaché, trop accro. J'ai voulu changé, j'ai voulu m'en sortir mais je n'y arrivais pas. Seul c'était impossible. J'étais perdu, désespéré.

Un jour j'ai osé me présenter à une réunion zoom de Gaming Addict Anonymes : il y avait là d'autres joueurs addicts comme moi et je me suis senti tout de suite compris. J'ai reçu beaucoup de soutien. J'ai enchaîné les jours d'abstinence et j'en suis à un mois ! Je progresse énormément dans ma vie. Je sais que le meilleur est devant moi.

Témoignage de Lucas

Il y a un terme qui définit bien ma vie jusqu'à peu c'est le terme de nolife. No life : pas de vie réelle. Une vie passée à jouer à un MMORPG, un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur. C'est un monde persistant où à chaque connexion je retrouve mon avatar tel que je l'ai laissé, avec ses équipements et sa fortune mais aussi son environnement social, ses guildes, son clan. Une seconde vie, quoi.  Avec ses interactions sociales, ses regroupements, ses moments partagés qui ressemble à de l'amitié, mais aussi sa compétition féroce, ses rejets, ses humiliations. Pour ne pas subir tout cela je mentais en disant j'étais un casual gamer. C'était des mensonges : j'y passais tout mon temps, j'étais un hardcore gamer qui n'arrivait jamais à se satisfaire de son niveau.

En fait c'est tout un monde, avec ses termes : quête, xp, pnj, loot, PvP, PvE, kicker (exclure quelqu'un). Le combat elle aussi a tout un vocabulaire : aggro, dps, aoe, buff ... 

J'ai essayé de me limiter en temps ou de faire des pauses mais tout est fait pour que je n'oublie pas le jeu : s'y connecter tous les jours est valorisé, toutes les semaines aussi. Et puis il y a aussi les grands événements, pendant les vacances scolaires ...

J'étais devenu un tâcheron. C'était devenu une corvée.

Il y a un avant et un après. Au départ tout est coloré, c'est la découverte. C'est l'exploration de mondes inconnus. L'impression que tout est possible. Et puis l'impression de rêve et de liberté du début a fini par s'estomper. Ce n'était qu'un monde figé et très technique. Un monde vide, mort. Un bel habillage, mais à l'intérieur tout est creux.
Un jour j'ai ressenti pleinement ce vide. Tout cet investissement, tout cet effort, c'était pour quoi ? C'était pour de la reconnaissance ? C'était pour ne pas me sentir inférieur par rapport à ceux dont je pensais qu'ils étaient naturellement meilleurs que moi, ou alors peut-être simplement qu'ils disposaient d'une meilleure connection ?

Au prix de mon temps, de ma vie.

Ça a été trop. J'ai tout arrêté. Ça a été la fin de cette vie qui n'en n'était pas une.

J'ai trouvé GAA qui m'a aidé à vivre ma vrai vie.

Témoignage de Florent

Je suis arrivé à GAA au bout du rouleau, mon poignet droit me faisait horriblement mal, je me sentais parano quand je sortais dans la rue, les passants était comme des êtres virtuels. Le jeu vidéo était devenu une souffrance. J'y mettais autant d'énergie qu'un travail alors que c'était sensé être un loisir. Et puis à un moment ma famille a eu besoin de moi et je me suis vu dire non : le jeu passait avant ! Cela m'a fait toucher mon fond.

Il faut dire que j'ai l'expérience d'autres addictions comme l'alcool et les drogues et que des Associations dites Anonymes m'ont permis de m'en sortir. L'une de choses les plus importantes qu'elles m'ont appris c'est l'importance de demander de l'aide. J'ai donc cherché de l'aide et j'ai trouvé GAA d'abord en anglais et maintenant je suis très heureux qu'un groupe en français existe enfin.

Aujourd'hui cela fait deux ans que je n'ai pas joué à un jeu vidéo. Ça n'a pas été facile parce que l'arrêt en tant que tel est déjà quelque chose de difficile mais il a fallu aussi que j'évolue dans ma vie, que je comprenne pourquoi j'ai voulu fuir dans le jeu vidéo et surtout que je pallie à mes insuffisances en trouvant beaucoup de courage.

Ce courage je l'ai trouvé grâce à la pratique des 12 étapes et aussi grâce au soutien que je reçois d'autres personnes qui comme moi, cherchent à se libérer de leur dépendance. Je remercie GAA du fond du cœur car aujourd'hui ma vie est devenue belle et riche d'amitiés, de joies et de petits bonheurs qui s'incarnent dans la réalité.